Olá!
Ceci est le 4ème article de « Voici les Clés » et le dernier du triptyque sur le triangle de Karpman Victime - Bourreau - Sauveur.
J’ai plusieurs autres sujets dans la pipe-line mais j’ai besoin de ton avis pour connaître les plus prioritaires pour les prochains posts, et éventuellement adapter le format.
Une surprise à la clé 🔑 t’attend pour te remercier !
En attendant, c’est l’heure de décortiquer le rôle du Sauveur.
Alors bonne lecture !
On est ensemble.
Agathe
Il fait beau, tu te promènes le nez en l’air, la vie est belle.
Soudain, ton regard tombe sur une petite dame, d’un certain âge et munie d’une canne blanche, qui attend devant un passage piéton.
Dans un noble élan, tu décides de l’aider à traverser la rue, t’avances vers elle, et lui attrapes le bras.
Et là, stupeur.
Elle se débat, t’assène un coup de canne sur la tête, te repousse et déguerpit sur la chaussée en te laissant penaud.e sur le trottoir.
Que s’est-il passé ?
En voyant cette “pauvre” dame aveugle, le Saint-Bernard en toi s’est réveillé de sa sieste. Il a enfilé un tonneau autour de son cou, frotté ses papattes, et volé au secours de l’alpiniste probablement en détresse.
Selon le triangle de Karpman, tu t’es positionné.e en Sauveur.se, et l’as rendue Victime.
Elle, refusant son rôle de Victime, s’est placée en Bourreau et t’a donné le rôle de Victime.
Et le Saint-Bernard a dérapé sur la pente verglacée.
Mais Sauveur.se, c’est plutôt noble comme rôle, non ?
Eh bien pas tant que ça. Même si le.a Sauveur.se intervient pour aider les autres, résoudre leurs problèmes, voire les sauver, c’est souvent de manière excessive et pour des raisons qui ne sont pas forcément les bonnes.
Ce costume endossé sert généralement à dissimuler un manque de confiance en soi et un besoin d’être valorisé.e pour son action.
Pas si grave ? Si, cela peut-être (au mieux) malsain et (au pire) dangereux.
La démarche de Sauveur.se n’est pas dépourvue d’attentes. Et la situation s’envenime quand celles-ci ne sont pas comblées.
Tu la sens monter, la frustration, si les conseils que tu donnes ne sont pas suivis ?
En tant que Sauveur.se, on a tendance à se mettre en posture haute en considérant que l’autre a besoin d’être sauvé.e, ce qui induit une inégalité.
En prenant l’autre pour une Victime, on risque le coup de canne : que la Victime se transforme en Bourreau et mette le.a Sauveur.se sur le carreau.
Quand as-tu observé pour la dernière fois :
Un interventionnisme excessif : “Chéri, tu vas attraper froid, mets un pull” - tu as pourtant 32 ans ;
Le sentiment d’être indispensable : “Ce projet ne peut pas avancer sans moi, il faut que je reste joignable pendant les vacances.” ;
L’incapacité à tolérer l’échec des autres : “Elle n’écoute jamais mes conseils, ça m’énerve !” - cette frustration ou cette culpabilité peuvent d’ailleurs faire basculer vers un rôle de Bourreau ;
Ou encore, l’évitement de ses propres difficultés en recentrant l’attention vers les autres ?
A la source
Parmi les pistes qui amènent à se positionner en Sauveur.se, la plus fréquente est celle du besoin d’exister à travers le regard des autres et la place par rapport aux autres. Un peu comme si les Sauveurs ne tiraient la légitimité d’exister que par ce rôle d’aide - excessive.
Par crainte du rejet, ils s’assurent d’avoir une place indispensable pour autrui.
Cette posture est d’autant plus fréquente s’ils ont grandi avec des exemples de Sauveurs autour d’eux (les personnes exerçant les métiers de personnel soignant, enseignant.e.s, travailleur.se social.e, conjoint.e dévoué.e etc. peuvent avoir une plus grande propension à le devenir).
Bien entendu, que celui qui n’a jamais trouvé plus pratique de s’occuper des problèmes des autres que des siens jette la première pierre.
Comment s’en sortir ?
🛟 Si c’est toi qui sauves
Tu sens que tu peux avoir tendance à vouloir sauver quelqu’un que tu trouves en difficulté ? La clé est de réussir à aider sans sauver, avec équilibre. Si tu as un doute dans ton attitude, voici quelques questions que tu peux te poser pour faire la distinction :
L’autre est-il vraiment en difficulté ?
La personne que je prends (inconsciemment) pour Victime m’a-t-elle demandé mon aide ?
A quel point ai-je envie de l’aider ?
Quelle est ma disponibilité pour l’aider ?
Comment l’aider sans chercher à la sauver ?
Petit à petit, tu arriveras à déposer ton tonneau de Saint-Bernard pour vivre des relations plus libres. Et en cas de rechute, tu sauras quelles questions te poser pour sortir du triangle.
Sans oublier que 90% des conseils ne sont pas suivis. Alors à quoi bon intervenir si tu risques le zéphyr ?
La plupart du temps, quand on se plaint, on cherche à vider son sac, sans souhaiter que l’autre résolve la situation.
🛟 Si c’est toi qu’on essaye de sauver
Ta mère est particulièrement intrusive et tu ne sais pas comment sortir de cette posture de Victime sans la renvoyer dans ses buts ? Voici quelques idées :
Reconnaître l’intention positive de l’autre
Exprimer clairement ton besoin. « Là j’ai besoin de vider mon sac, pas de conseils »
Mettre des limites et les faire respecter sans agressivité mais avec assertivité
Parler de ton ressenti
Même si les Sauveurs.ses sont pétri.e.s d’intentions louables comme du bon pain, le risque est qu’ils se fassent prendre à leur propre jeu, en devenant Victime ou Bourreau. Leur attitude crée, malgré eux, un déséquilibre qui peut avoir des répercussions négatives à terme.
L’enjeu est donc de retrouver cet équilibre pour maintenir des relations ajustées en respectant la responsabilité de chacun.
L’heure de pousser la chansonnette
🎤 Et 1, 2, 3 Alice est née au pays des cauchemars
Je voudrais juste la rassurer
Et 1, 2, 3 Alice est tombée dans un trou noir
Je pourrais peut-être la sauver
Indochine - Alice & June
Sources :
Motoki Tonn et Michael Starkie pour les photos
Angèle et son père, à qui j’ai emprunté l’image du toutou
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