Les 4 positions de vie : notre posture face à l'autre
Ou comment pondérer nos interactions avec un peu d'arithmétique
Je m’appelle Agathe, je suis coach, lisboète, et adepte de chanson française plus ou moins désuète.
2 fois par mois, je t’adresse un outil de coaching et les clés pour l’appliquer dans ta vie quotidienne.
L’édition du jour porte sur les positions de vie, qui te permettent de voir et d’ajuster la posture que tu prends vis-à-vis de l’autre pour améliorer la collaboration.
Je te souhaite une fieffée lecture - 6 mn,
Agathe
Tu arrives à une soirée, tu croises une amie sur le chemin. La connaissant, tu pourrais l’entends dire : "Je ne reste pas plus d’une heure, je sens que cette soirée va être sopo*." Ou alors : "Ah ça va être gé-nial !".
Dans les deux cas, le ton est donné et correspond à une “position de vie” différente.
Bienvenue dans ce concept de l’analyse transactionnelle que l’on doit à Eric Berne, qui fait rayonner (ou grincer) les relations.
Il est à la base de la compréhension de cette partie du coaching, et nous permet d’analyser et ajuster la manière dont nous nous situons vis-à-vis des autres. Et tout cela grâce à quatre positions : +/+, +/-, -/+ et -/-.
Elles influencent la façon dont nous vivons nos relations, que ce soit avec notre famille, nos collègues, ou même… avec nous-mêmes.
Malgré leur nom, les positions de vie n’ont rien de figé dans le temps : elles sont éphémères et peuvent évoluer d’une interaction à une autre, d’un interlocuteur à un autre, d’une heure à l’autre et même au cours d’une conversation !
Décortiquons ensemble comment des petites phrases en apparence anodines cachent en réalité des croyances bien profondes sur soi, sur les autres, et même, sur la vie en général.
Allez, on plonge ?
Position + / + : le Club des Optimistes
"Je suis OK, tu es OK."
Le Graal ! Chacun est “OK”, tout le monde est gagnant. Dans ce mode, la communication est bienveillante, confiante, et respectueuse. Tout le monde est sur un pied d’égalité et cela se ressent. Cette position nous permet de développer des relations authentiques et positives. C’est dans ce ballet d’ouverture et d’écoute mutuelle que la magie opère : J’ai une bonne estime de moi, et j’ai une bonne estime de toi.
Mais attention, le + / + n’est pas synonyme d’utopie ou de naïveté béate. Il s’agit plutôt d’une base solide et constructive pour gérer les situations. Bref, si t’y trouves, tout semble dire que tu es plutôt équilibré.e dans ton rapport aux autres !
🧪 Exemple : Tu te sens bien dans ta peau et tu es ouvert.e à entendre ce que l’autre ressent, même si vous avez des avis différents. Pas de confrontation, mais un échange fluide. En cas de problème : « on va trouver des solutions, même si on doit remonter nos manches ».
Position + / - : la Plaine de la Dévalorisation Subtile
"Je suis OK, tu n’es pas OK."
Ici, tu as une haute estime de toi, mais une faible estime de l’autre. Ce rapport peut être inconsciemment un moyen de se valoriser en rabaissant les autres. Comme si on se pensait briller plus fort en étant entouré.e de lampes éteintes.
On y trouve souvent une dose de jugement et de supériorité, voire de méfiance envers les comportements des autres. Dans ce cas, cette position peut vite devenir toxique car elle instaure des biais cognitifs et laisse peu de place à la vulnérabilité de l’autre. Les relations peuvent alors devenir unilatérales, et parfois bien pesantes.
Dans le travail, ce rapport peut générer des comportements de contrôle, de micro-management et des phrases du type « Personne ne peut le faire aussi bien que moi ».
🧪 Exemple 1 : Dans une discussion, tu aurais tendance à penser "heureusement que je suis là pour sauver la situation". Ça te rappelle la saveur du Sauveur ?
🧪 Exemple 2 : Tu as du mal à embaucher puisque tu te dis “Décidément, les autres sont tous relativement incapables.” Hashtag Bourreau. Dans les deux cas, la confiance en toi est là, mais elle laisse peu de place à la confiance envers l'autre.
Position - / + : l’Auto-Critique en Chef
"Je ne suis pas OK, tu es OK."
Autocritique sévère en vue ! Cette posture est souvent liée à une certaine insécurité et à une tendance à te dévaloriser en minimisant tes propres compétences. Ce n’est pas évident, car elle peut te faire douter de ta propre valeur et te faire croire que les autres savent mieux que toi. La conséquence ? Une estime de soi mise à rude épreuve et des relations où tu pourrais te sentir dépendant.e des validations extérieures.
Dans le monde du travail, cela peut donner l’impression que la moindre décision est risquée, car tu ne te sens “jamais” à la hauteur. Tu le vois venir, le cercle vicieux, avec ses gros sabots, le manque d’assurance et la peur de prendre des responsabilités ? Dans ce schéma, tu te fies aux autres pour tout valider, et les échecs ou les erreurs deviennent des confirmations de la croyance de ta dévalorisation.
Si tu es sensible au syndrome de l’imposteur, ce terrain te semble sûrement familier.
🧪 Exemple : Quand tu doutes de tes capacités dans un projet, alors que les autres te félicitent, mais toi, tu n’y crois pas. Le fameux : "Ah bon, tu trouves vraiment que c’est bien?" Cette fois, c’est la Victime qui rôde.
Position - / - : Le Gang des Découragés
"Je ne suis pas OK, tu n’es pas OK."
Ici, on atteint le fond de la piscine. Ni toi ni les autres ne peuvent apporter quelque chose de positif puisque tu as une faible estime de toi et de l’autre. C’est la position où règnent le pessimisme et une vision plutôt fataliste des relations. Bienvenue dans le monde du « à quoi bon ? » et du « de toute façon, rien ne marche ».
Cette posture peut même révéler une grande fatigue émotionnelle ou un découragement généralisé. Dans ce cas de figure, la relation devient alors difficile et sans horizon d’amélioration.
Dans le travail, elle se traduit par une faible motivation, des changements vécus comme des obstacles insurmontables, et un manque de foi en l’avenir.
🧪 Exemple : Tu te retrouves dans un groupe de personnes avec une ambiance morose et te dis que "de toute façon, rien ne va jamais". Pas franchement stimulant.
Le - tire vers le bas
Tu pourrais légitimement t’imaginer que le + / - et le - / + sont acceptables car il y a au moins un peu de plus.
Mais tu omettrais un point essentiel : malheureusement, un + / - et un - / + ont tendance à tirer vers le - / -.
En effet, dans le cas du + / -, si tu te mets en position haute par rapport à l’autre, l’échec de l’autre va déteindre sur toi et te mettre toi-même en échec.
Et pour les adeptes du - / + : donner à l’autre le pouvoir de décider de ta valeur ouvre la porte à un déraillement dans lequel tu pourrais finir par reprocher à l’autre ce qui t’incombe.
Ces deux dynamiques sont typiques de celles du triangle de Karpman et expliquent pourquoi on tourne si facilement entre les rôles de Bourreau, Sauveur et Victime, une fois entré.e dans la danse.
Bilan : privilégier le + / +
Comment passer du - au +
Heureusement, on reste rarement toute sa vie en - / -. Reconnaître sa position de vie dominante, c’est déjà un premier pas. Parce que par bonheur, dans la vie, rien n’est gravé dans la roche.
On n’est d’ailleurs rarement 100% + / + ou - / - dans tous les domaines ou dans toutes nos relations. Le secret, c’est de prendre conscience de ces tendances et d’oser changer de lunettes pour voir les autres (et soi-même) autrement.
📝 Pour aller plus loin :
Observe : Essaye de remarquer dans quelle position tu te trouves en ce moment, dans quel domaine (vie pro, couple, amis, etc.), et avec qui.
Expérimente : La prochaine fois que tu te sens dans une dynamique + / - ou - / +, essaye de te recentrer sur du + / + en valorisant tes forces et celles des autres.
A partir du + / -, on peut réapprendre à faire confiance, tout doucement, en acceptant que les autres aient leur propre manière de faire, même si elle est imparfaite.
Et si la description du - / + t’a semblé particulièrement familière, bonne nouvelle : on peut travailler dessus en prenant du recul, en s’entraînant à affirmer ses idées, petit à petit, et à s’autoriser les erreurs.
Ces petites prises de conscience peuvent faire une grande différence dans ta perception des relations et dans ton épanouissement quotidien, tu m’en diras des nouvelles !
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Un doux merci 🙏
Agathe
🎤 Instant Karaoké
Je n’avais jamais ôté mon chapeau
Devant personne
Maintenant je rampe et je fais le beau
Pour qu’elle me sonne
Georges Brassens - Je me suis fait tout petit
Sources :
I'm OK—You're OK de Thomas A. Harris
Games People Play d’Eric Berne
Analyse transactionnelle et psychothérapie d’Eric Berne
Charlie Hammond et Kit Suman pour les visuels
PS : N’oublie pas : tu es OK. Les autres aussi !
PS 2: Ton avis compte ;)
*sopo pour soporifique